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Je vais vous parler au sein de cet article d'une chose qui semble assez essentielle et très importante, mais surtout différente de tout ce que j'ai pu vous apprendre jusqu'à ce jour. J'ai croisé beaucoup d'artistes depuis le début de ma carrière, et nombreux d'entre vous se posent des questions sur comment réussir à vivre de leur projet musical.

Comme vous au départ je ne comprenais rien au milieu et à l'industrie de la musique et, chose très bête de ma part, je refusais ce système, car pour mo il dégradait le statut d'artiste ne se souciant que des affaires. Mais on finit par apprendre avec les années que dans tous les domaines professionnels, il y a des compromis à accepter pour évoluer qui sont en fait indispensables au développement personnel.

Cet article s'adresse surtout aux chanteurs, compositeurs et créateurs de musique et peux s'appliquer dans d'autres domaines. Il ne s'adresse pas aux artistes interprètes (quoi que ?). J'y évoque la réussite "en grand", mais sachez qu'il ne faut pas forcément être une STAR pour vivre de la musique, le tout étant de maîtriser son univers et d'en faire "assez", vous allez comprendre.

 

UN APPRENTISSAGE SUR LE TERRAIN

Afin que vous compreniez comment j'ai acquis ces connaissances me permettant de vivre de la musique, je vais vous expliquer mon parcours :

J'ai commencé ma carrière de compositeur il y a 15 ans maintenant. J'ai fait un BTS Audiovisuel option son, j'ai donc été technicien du son. J'ai commencé jouer de plusieurs instruments depuis l'enfance et j'ai depuis toujours composé. Un jour, comme vous sans doute, j'ai décidé de me lancer en tant que compositeur arrangeur, avec des compétences de technicien du son capable de s'autoproduire. Je voulais réaliser mon rêve.

Pour moi, être compositeur représentait simplement composer dans son coin et s'enregistrer, se faire commander des musiques, les faire placer sur de le la vidéo, des publicités, etc... Mais, j'ai vite dû me poser la question de la visibilité et de l'accessibilité de ma musique car rien n'avançait, j'avais une centaine de musiques mais ne savais pas comment faire en sorte que ces musiques soient écoutées par les professionnels. La plupart des artistes pour qui je composais étaient des amis chanteurs ou des amis d'amis .Les réseaux sociaux, c'est bien, mais ça ne fait pas avancer professionnellement, et à l'époque nous n'avions que Myspace ! En parlant de ça si vous me cherchez sur Myspace, vous trouverez une vieille pépite compromettante.

J'ai alors fait des recherches sur Internet pour trouver les professionnels pouvant être intéressés par mes œuvres, les ai contactés par téléphone, tous ont posé cette question : "Avez-vous un site internet vitrine où écouter vos musiques ?". Il devenait clair que les réseaux de partage de musique comme Myspace ne suffisaient pas, je comprenais que j'étais noyé dans la masse amateur et que les pros ne passaient pas par ces réseaux. J'ai dû apprendre à construire mon site (à l'époque Wix n'existait pas). Hélas  j'ai reçu beaucoup de réponses négatives à la suite de la mise en ligne du site :
"Votre univers ne nous correspond pas " était la réponse la plus courante.
J'ai compris au fil des conversations que l'image que dégageait ce site n'était pas du tout efficace et que les visiteurs professionnels ne prenaient même pas le temps d'écouter ma musique ! J'ai alors étudié les sites des autres et ai compris que ce n'était pas si simple. Un site c'est bien mais il faut qu'il soit attirant, fonctionnel et surtout que l'univers musical qu'on y propose corresponde à la vision et à l'univers des professionnels à qui on s'adresse.

Je n'en étais plus au stade de la composition, mais bien de la communication ! Je commençais à penser entreprise, logo et image et là, c'est parti ! Photoshop, montages vidéo, after effects devenaient de nouveaux outils de travail. Heureusement que tout ceci me passionnait, j'y ai passé un temps fou mais indispensable.

Je vais arrêter de parler de moi et de ces projets musicaux et commencer à parler des artistes avec lesquels j'ai pu travailler et qui ont eu tant de mal pour gagner de l'argent avec leurs projets à leur début comme moi. Je vous ai raconté tout cela afin que vous compreniez que la musique ne représente rien sans vitrine et communication. Quel que soit votre projet, on parle d'entreprise car si le but est d'en vivre et de gagner de l'argent, il faut donc penser "entreprise".

UN MONDE QUI EVOLUE

Côté chanteurs, auteurs-compositeurs-interprètes et groupes de musique malheureusement le coup de : "Je débarque avec ma guitare pour jouer devant un producteur" ne fonctionne plus : Les MAJORS et labels disposent maintenant d'outils pour vérifier la viabilité d'un projet artistique sans aucune prise de risque : Youtube, Facebook, Instagram, Twitter, etc... : LES RÉSEAUX SOCIAUX !

Emmanuel-EvenoAu cours de ma petite carrière j'ai appris pas mal de choses, notamment en travaillant avec des personnes renommées qui m'en ont appris beaucoup sur le milieu. J'ai eu l'occasion par exemple de travailler et de recevoir chez moi une semaine et de revoir Emmanuel Eveno du groupe Tryo, de passer du bon temps avec Boris Jardel du groupe Indochine, ou encore de fréquenter de grands studios avec des interprètes très connus et sollicités tels que Loïc Pontieux. J'ai eu de longues conversations avec des représentants et directeurs artistiques de très grosses structures comme Universal, Wagram, etc... Certains ont des discours différents comme Loïc P. car il fréquente beaucoup les plateaux TV, il n'a pas les mêmes objectifs, mais nombreux tiennent le même discours : Un projet musical doit proposer un concept, une image, représenter un certain public et être accessible à ce public. De simples démos ne suffisent plus, le public attend aujourd'hui un produit de qualité et n'est pas capable de distinguer une mauvaise musique d'une musique mal produite (de manière générale). Surtout, pour en vivre, il faut que ce public qu'on choisir d'atteindre soit assez large : Si le public visé représente 100 personnes en France, on vendra 10 albums, et après ? Comme dit précédemment, les majors et labels ne signent plus d'artistes en prenant des risques, il faut leur proposer de la musique, un concept, une image et SURTOUT UN PUBLIC.

Comme on me l'a souvent dit : On ne voit que des bons à une certaine échelle professionnelle, l'élite de la musique est représentée par des têtes, pas forcément les meilleurs instrumentistes et meilleurs chanteurs, mais simplement un parmi les meilleurs dans leur domaine : JUL est très loin d'être le meilleur chanteur, soyons honnête, Autotune et tous les outils de correction sont là le concernant, mais il maîtrise parfaitement son image et son public.

Boris Jardel

 

Beaucoup de personnes me contactent en pensant obtenir le même résultat et en me demandant si ils peuvent arriver à  la même popularité, mais la réalité est très sévère : la motivation, le charisme, le professionnalisme, le sens des affaires et la détermination de ce genre d'artiste sont irréprochables, ils sont des modèles à suivre. Être chanteur ne suffit plus (je parle surtout du chanteur car c'est le cas le plus populaire).

 

 

Mais alors comment faire ?

- Soit vous apprenez à tout faire tout seul parce que vous avez les épaules pour ça et le terme "à fond" ne vous fait pas peur, dans ce cas les journées de 18h00 vous sembleront toujours trop courtes ;

- Soit vous avez un métier plus que convenable qui vous permettra de payer un graphiste, un photographe, un webmaster, le studio d'enregistrement, un laboratoire de mastering, un attaché de presse, un réalisateur de clip, un monteur vidéo, un motion designer, etc... le tout encadré par des commerciaux irréprochables.

loic pontieux1Le truc, c'est qu'à la fin rien n'est sûr, quelques erreurs plomberont votre projet. C'est en suivant les conseils de ce qui ont déjà réussi et exemples que vous y arriverez. Ayez un esprit d'analyse puissant pour rebondir facilement, acceptez la critique et comprenez bien qu'on parle d'entreprise puisqu'on parle d'investissement et de retour sur investissement, comprenez les clés du milieu comme de n'importe quel autre milieu d’affaires !

Mon discours doit faire sans doute peur à certains mais il ne faut pas avoir peur, il faut juste comprendre que seuls les motivés et déterminés réussissent, et que quelque soit votre niveau de vie à l'issu de votre démarche, le but est d'abord d'en vivre et pas uniquement d'être riche, c'est une autre démarche.


Pour ma part, j'ai décidé de commencer par vous apprendre les techniques pour vous autoproduire car c'est le point de démarrage pour les artistes disposant de peu de budget qui veulent se lancer dans un nouveau projet musical et de vie !

 

LES ÉTAPES

Il y a des étapes à suivre pour mettre toutes les chances de votre côté afin d'obtenir une première signature, la plus importante étant d'analyser en permanence le marché et vos plus gros concurrents. J'y reprends de manière plus détaillée ce que vous disais plus haut.

Notez que votre meilleure amie sera "l'observation", la base pour apprendre et évoluer.

1 - Le concept :

Il faut proposer un concept correspondant à un public précis : Si vous faites de la musique qui ne correspond à aucun public, que votre musique semble inaccessible ou encore que son registre est inexistant, que votre musique correspond à une clientèle trop "élitiste", vous aurez beaucoup de mal à la vendre. Il faut donc bien être conscient que proposer une musique accessible même dans des registres extrêmes mais correspondant à un public précis vous donnera toutes vos chances car vous aurez un public, c'est indispensable. Dès le départ, le mot "communication" doit raisonner dans votre tête. 

 

2 - La rigueur :

Côté interprétation il ne faut rien laisser au hasard, être le plus propre possible et le plus professionnel : Mise en place, justesse, esthétique, dynamique, finesse, etc... les professionnels feront d'abord attention à ces détails. Chaque répétition ou séance d'entrainement ne doit rien laisser au hasard, il faut être bon dans ce qu'on fait et maîtriser parfaitement ses outils (avec ou sans autotune si il est utilisé en live, ce n'est pas la question ! lol).

 

3 - L'enregistrement :

S'autoproduire ou trouver un producteur phonographique, même si ce n'est au départ qu'un simple studio d'enregistrement ou membre de la famille, un proche, mais avec qualité en respectant l'étape 2 le plus possible. Vous devez analyser votre marché, écouter vos confrères, ceux évoluant dans le même style musical que vous en ne prenant exemple que sur les meilleurs afin d'obtenir "le son" auquel votre public sera sensible et vous rapprocher "petit à petit" de cet objectif. On ne parle bien entendu pas de plagiat car, il y aura toujours des différences, je parle d'esthétique générale et surtout de qualité sonore. Cette règle est primordiale.

 

4 - La charte graphique :

Une fois l'étape de l'enregistrement effectuée pas besoin de presser des disques tout de suite. Il faut d'abord penser à l'image qui va accompagner celui-ci et développer votre image.
L'univers graphique que vous allez dégager sera la première chose que vos futurs auditeurs verront, autant dire qu'une belle esthétique vous donnera plus de chance d'être écouté. Tout le monde est attiré par l'image avant tout. On parle là de marketing. Il faut bien entendu que votre concept visuel corresponde au concept sonore de votre musique. Pour ceux qui pensent ne rien y comprendre je vous dirai toujours d'analyser le travail des autres et toujours des meilleurs. Si vous comptez vous y prendre seul, Photoshop sera votre meilleur ami.

 

5 - Avoir des photos correspondant à votre concept :

Faire des photos c'est bien, mais comme dans l'étape 4, il faut des photos qui vous représentent. Des photos de famille ne seront pas la bienvenue, on attend des photos de qualité donnant une image de vous toujours en accord avec la musique que vous proposez, donc tout y passe : lieu, code couleur, tenue vestimentaire, mode (même si c'est une mode vintage), coupe de cheveux, fond de teint, etc... il faudra sortir tout l'artifice pour avoir du style et un résultat pro. C'est comme ça que vous donnerez une image professionnelle et charismatique de vous. Pour la retouche et pour rajouter du cachet, Photoshop sera toujours votre plus grand ami. Vous trouverez facilement des tas de tutoriels vidéo pour apprendre à l'utiliser et obtenir des résultats pro et esthétique.

 

6 - Les résaux sociaux :

Il y a plusieurs manières de faire de les utiliser, aujourd'hui c'est une chose très accessible qui ne nécessite plus de compétences particulières, d'autant plus qu'à ce stade, vous devez déjà avoir développé votre image, il ne vous restera donc qu'à vous servir de celle-ci pour les construire. N'oubliez surtout pas d'y mettre votre musique, pas tout l'album, quelques titres suffiront pour attirer la clientèle. Mettez en assez mais pas trop, restez accessible mais pas trop, tout ça toujours en fonction de votre public et en s'inspirant des méthodes de communications des autres. Aprenez à donner de l'espoir et à devenir indispensable.

 

7 - La scène :

Au départ, ne comptez pas être payé pour vos prestations et je vous dirais même : Préférez plus de dates et vendre quelques 10aines de disques, T-Shirts, affiches signées avec votre public et autres goodies que d'être payé une fois par an (300€ par personne), c'est une manière bien plus intéressante de communiquer et de faire communiquer. Si vous vous débrouillez bien, vous trouverez facilement des salles prenant votre groupe pour des petites premières parties ou petits festivals au départ. Alors, il faudra véhiculer votre image, corriger attitudes scéniques et défauts de mise en place, travailler sa scène ; parler des réseaux sociaux sur lesquels vous retrouver et de votre album sera primordial : Vous ne gagnerez de vrais fidèles qui véhiculeront votre musique que de cette manière.

La popularité de vos réseaux sociaux à cette étape n'est pas à cette étape ce qu'il y a de plus important. Une personne qui décidera de vous suivre suite à une rencontre sur scène véhiculera bien mieux votre image car elle sera fière de vous avoir découvert à vos débuts et d'être donc plus proche de vous.
Côté démarche des salles, envoyez le lien de vos réseaux et parlez de la sortie de votre album car les programmateurs attendent surtout de la nouveauté, ça créait l'engouement. 

Profitez-en pour capter des vidéos et des photos et faire de beaux montages, vos premiers !

 

8 - De la vidéo :

Lorsque vous allez contacter des professionnels du disque ils voudront vous voir en image et action, ça sera l'heure de penser à la vidéo. Le plus efficace sera d'en avoir au moins deux type :

- Un ou plusieurs enregistrements Live permettant de montrer ce dont vous êtes capable sur scène, votre style et votre approche du public, de montrer aussi que "ça joue",

- Un ou plusieurs clips vidéo.

Pour commencer, vous pouvez tout faire en mode "Do it yourself", il est simple de trouver des tutoriels vidéo de qualité sur le sujet sur le net. Ainsi, vous ne payerez quasiment rien. Le but est d'obtenir un résultat pro attirant toujours du public grâce aux partages de vos premiers fans,  pas la peine de miser "gros", mettez vous à la hauteur du spectateur Lambda qui a du mal à faire la différence entre un clip réalisé par un amateur et un clip réalisé par Michel Gondry, les personnes critiques attendront, d'autant plus que ceux-ci sont les plus mauvais suiveurs et acheteurs : rien n'est à leur hauteur intellectuelle, ou très peu d'artistes.

Dans un clip, le plus important seront toujours le concept, la mise en scène et très important : La colorimétrie (étalonnage pour les connaisseurs).

 

9 - Les réseaux sociaux et le community management

Vous avez maintenant tous les outils en main pour développer encore vos réseaux sociaux. Un peu de savoir-faire et quelques jeux de partage entre communautés pour gagner des disques et des places de concert gonfleront grandement votre nombre de visites, "Like" et abonnés rassurant ainsi vos futurs éditeurs, labels et distributeurs... Surtout ne laissez jamais mourir votre mur d'actualité : Chaque occasion doit générer une nouvelle actualité, en photo si possible car vos suiveurs aimeront vous voir.

 

CONCLUSION 

Je n'ai pas inventé ces étapes. J'ai longuement analysé le "système" et eu l'occasion d'en discuter avec de nombreux professionnels, je le rappelle. Ces étapes s'adressent à ceux qui partent de zéro et qui ne comptent pas sur le facteur chance, qui ont donc conscience que mettre toutes ses chances de son côté vaut mieux qu'attendre que la signature tombe seule du ciel.

 

Si vous avez des questions, n'hésitez pas à les poster en commentaire (connexion nécessaire).

 

Petit souvenir derrière la batterie de Loïc Pontieux pendant la répétition de Florent Pagny

Loic Lacroix batterie Loic Pontieux